Le mot fait peur. On s’imagine une personne qui a perdu tous ses repères et qui agit à partir d’un état mental perturbé. C’est le sens médical du terme. Il faut retourner à l’origine du mot crise pour en comprendre le vrai sens.
Le mot crise provient du grec krisis. Dans son sens premier, on parle de l’action de distinguer, de choisir, de séparer et de décider. Le mot crise implique donc un niveau de lucidité plus élevé que la normale. La crise nous place dans une situation où nous voyons plus clairement, où nous avons des choix à faire et où nous avons le pouvoir de décider et d’agir. Mais l’aspect le plus important, c’est que la crise sépare. Séparer, c’est écarter, créer de l’espace; c’est créer une ouverture.
Cette ouverture est le cadeau que nous offre la crise. L’ouverture permet de changer de dimension, de traverser un passage vers un monde inconnu, de basculer vers une nouvelle vie.
La crise n’est pas le résultat d’un manque. Elle représente plutôt une étape cruciale dans le développement personnel. Comprise dans ce contexte, la crise annonce de nouveaux possibles, un changement profond qui se prépare.
La crise nous offre l’ouverture mais demande en retour un sacrifice. Pour traverser le passage, il faut savoir renoncer. Renoncer à une situation, un aspect de nous, pour être en mesure de faire de l’espace et accueillir ce qui s’annonce. Se délester du surplus qui nous encombre pour pouvoir passer par la mince ouverture qui s’ouvre devant nous.
Renoncer n’est pas un geste lâche. Renoncer demande beaucoup. Il faut accepter de laisser aller quelque chose de sûr, dont nous disposons, en échange d’une promesse de ce qui pourrait être mais qui n’est pas encore. Lâcher pour pouvoir saisir et peut être échapper.
Le passage que nous offre la crise est la solution pour en sortir. Pour passer à une nouvelle étape, incarner le changement et accueillir ce qui s’annonce. Le renoncement implique une mort d’une certaine façon mais également une renaissance à un nouveau possible. C’est une porte, un passage qui ne s’ouvre que dans une direction; vers l’avant.
La clé qui donne accès à ce passage, qui nous ouvre au changement, se trouve dans notre cœur; c’est le courage. Le courage c’est l’action du cœur. Le choix d’aller de l’avant n’est pas une décision de notre intelligence, mais une action du cœur. Lui seul comprend ce qui se cache derrière la porte, ce qui se cache au bout du passage. Lui seul comprend l’importance du moment, la nécessité de renoncer pour pouvoir grandir. Traverser une crise demande beaucoup de courage.
Sachant cela, qu’est-ce qui peut nous motiver à aller de l’avant et emprunter ce passage ?
La motivation est nourrie par notre intuition. À travers la crise, nous sentons que nous sommes sur le point de toucher au vrai. Notre intuition porte un message pour nous faire avancer. Il faut savoir utiliser la lucidité que nous procure la crise pour bien lire et comprendre ce message. Ne pas craindre d’avancer et accepter de grandir. Car emprunter ce passage du chemin nous amène à tourner une nouvelle page de notre histoire, à découvrir un nouveau chapitre de notre vie.
Accepter de faire ce pas, c’est avancer. Faisons le plein de courage.