Humilité

Le mot d’aujourd’hui m’est revenu en tête constamment au cours des dernières semaines. Mais je ne savais pas comment le développer, sans doute parce que je ne comprenais pas pleinement son sens. Au fil des lectures que je fais, je suis parfois mis sur le chemin de certains livres qui contiennent une phrase révélatrice pour moi. Une phrase qui m’éclaire et qui permet de relier ensemble d’autres mots déjà abordés. Cette lumière éclaire et permet de mieux comprendre une situation en élargissant ma perspective. Le sens véritable du mot humilité est une de ces lumières.

Le mot humilité est dérivé du mot latin humus qui signifie terre. Les mots homme et humanité proviennent de cette racine. La terre est l’endroit symbolique d’où nous provenons. C’est le terreau fertile de notre humanité. C’est le milieu qui reçoit le germe que nous sommes au départ. Germe qui contient une histoire, un potentiel à réaliser. La terre nous nourrit et est un lieu de croissance. Comme un arbre, c’est dans la terre que nous devons faire croître nos racines pour qu’elles nous nourrissent. C’est aussi dans la terre que nous pouvons rejoindre les autres par nos racines et nous y relier.

L’humilité n’est pas un état. C’est un chemin qui nous ramène vers la terre qui nous appelle. Cet appel que nous recevons et qui amorce notre éveil, est un écho de nos origines, ce lieu mystérieux qui nous invite à devenir plus. Le chemin de l’humilité mène vers nos origines, vers notre humanité, ce point central qui se cache profondément en nous. Un point ancré sous terre, dans notre humus, qui peut être retracé en suivant le chemin de nos racines et celui tracé par nos ancêtres. Devenir humble, c’est être ramené à l’essentiel, à ce qui fait notre essence, notre humus. À l’aide d’un regard empreint de lucidité, nous pouvons constater notre originalité et choisir de vivre de façon authentique. Le chemin de l’humilité devient cette voie par laquelle nous pouvons exprimer notre propre histoire et amener plus loin les rêves de nos ancêtres. C’est le chemin qui nous aide à étendre nos racines. Il nous apprend à conjuguer différemment la vie en passant du je au nous. Il est cette voie qui permet de nous relier aux autres et de dérouler notre propre histoire pour les servir.

L’humilité est une recherche. Devenir humble, c’est emprunter le chemin étroit qui mène vers la vérité et tomber en amour avec celle-ci. C’est chercher à devenir plus, à s’améliorer. L’humilité est un don de soi qui permet de cheminer vers les autres avec bienveillance.

L’humilité est parfois confondue avec la modestie. La modestie est une réserve, une façon de ne pas trop s’afficher. Elle implique une haute estime de soi et par conséquent le besoin de la contrôler. La modestie touche à ce qui est superficiel; elle manque de profondeur.

L’humilité, en contrepartie, est le besoin de se ramener au niveau de la terre, de dégonfler cet excès d’estime de soi pour le ramener à un niveau normal. C’est un mouvement de l’âme qui nous fait comprendre que nous ne sommes pas inférieurs ou supérieurs aux autres, mais que tous, de façon égale, nous faisons partie d’un tout. C’est un changement de regard en profondeur. C’est se dépouiller de notre ego qui se nourrit d’orgueil et de séparation pour le remplacer par ce point central qui représente ce que nous sommes vraiment. Comme le disait le psychologue Christopher Peterson, “l’humilité n’est pas de se penser moins, mais de penser moins à soi”. C’est un regard qui se tourne vers les autres. Un regard qui ne les voit pas comme des êtres séparés mais comme faisant partie d’un tout qui nous réunit. C’est un regard large qui inclut toutes les formes de vie. L’humilité est toute en profondeur. L’humilité mène vers notre humanité. L’humilité est le chemin qui comble notre besoin de cohésion, ce besoin d’appartenance, celui d’être relié aux autres et de faire partie d’un Tout.

Vivre quelque chose d’humiliant est un cadeau du ciel. En nous plaçant dans une situation de crise, nous devenons plus lucides. Cette lucidité affûte le regard que nous portons sur nous-mêmes et sur les autres. Elle permet de reconnaître nos limites, de voir nos erreurs et de les admettre; elle nous aide à découvrir le chemin de l’humilité. C’est un regard bienveillant qui nous fait constater que nous devons délaisser notre persona pour laisser place à l’authenticité. Remplacer le paraître par l’être. S’ouvrir aux expériences de la vie quelles qu’elles soient. Laisser aller pour mieux laisser venir; lâcher prise pour mieux accueillir. C’est un travail à faire sur soi; c’est un travail de reconstruction. C’est une longue marche dans un chemin souvent difficile qui se réalise un pas à la fois.

Lorsqu’on entreprend un pèlerinage, l’appel à l’humilité ne tarde pas à se manifester au plan physique. Au fur et à mesure que nous progressons, nous apprenons à nous délaisser de ce qui nous encombre, de ce qui rend notre expérience plus difficile en nous empêchant d’avancer. Nous apprenons à nous dépouiller de tout ce bagage que nous transportons qui n’est pas essentiel. L’humilité vient de s’incarner en nous.

Après avoir été distrait par les illusions de l’ego et après plusieurs détours, emprunter le chemin de l’humilité nous ramène vers ce que nous sommes vraiment pour que nous reprenions contact avec nos racines. Après avoir pris conscience de notre propre histoire, il nous entraîne ensuite vers notre destin. C’est un chemin qui demande de marcher avec intelligence, courage et compassion. C’est un chemin qui demande de marcher les pieds solidement ancrés au sol, le regard tourné résolument vers les autres et le cœur sur la main.

Choisir ce chemin, c’est avancer de façon sûre vers notre destin. Un pas à la fois avec ouverture et courage, choisissons de marcher humblement.

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