J’ai toujours pensé que la liberté était la capacité de pouvoir choisir, de pouvoir prendre des décisions. C’est ce que j’ai toujours tenté d’expliquer à mes enfants lorsqu’ils se plaignaient qu’aller à l’école “c’est full poche”. J’essayais de les motiver en leur expliquant qu’une bonne éducation leur permettrait de choisir le domaine dans lequel ils voudraient évoluer plus tard, plutôt que subir un emploi dicté par les conditions du marché.
En vieillissant, je me rends compte que finalement, je ne leur ai peut-être pas donné la bonne définition de ce qu’est la liberté. En y regardant de plus près, je me rends compte aujourd’hui que cette capacité de choisir et de pouvoir prendre des décisions ne constitue pas la liberté elle-même mais est plutôt une conséquence d’être libre.
Pour pouvoir trouver le vrai sens du mot liberté et surtout d’où elle origine, je sens encore une fois le besoin de revenir à l’origine des mots. Le mot liberté vient du latin liber qui veut dire libre. Il y a deux façons de définir la liberté; en disant ce que la liberté n’est pas et en disant ce qu’elle est. Chaque façon de faire apporte ses nuances qui aident à tracer et contraster la silhouette de ce qu’elle est.
La liberté c’est l’état d’une personne qui ne subit pas de contrainte, qui n’est pas dépendante d’une situation ou d’une autre personne et qui n’est donc pas prisonnière sous une forme ou une autre. Sous sa forme plus affirmative, la liberté est la possibilité de pouvoir agir selon sa propre volonté. C’est le fait d’être doté d’autonomie et de pouvoir agir avec spontanéité.
La spontanéité est ce qui provient de soi-même, de notre propre force, de notre propre volonté, en opposition à ce qui est imposé de l’extérieur. Le mot spontanéité dérive du latin sponte qui veut dire celui qui est son propre maître. Le mot sponte dérive lui-même de spons et de l’indo-européen pnt qui signifie chemin, passage. Le mot pont provient d’ailleurs de cette racine. La spontanéité correspond au premier mouvement de notre volonté. C’est une première action qui nous dirige vers notre propre chemin, qui nous oriente dans son passage.
Le mot liber est aussi la racine du mot livre. Nous avons vu qu’évoluer correspond à dérouler le volumen qui est ce manuscrit qui contient l’histoire de notre vie et qui est enroulé autour de l’ombilic, ce bâton autour duquel tout s’enroule, ce point qui est le centre de notre histoire. L’origine du mot liberté exprime donc à la fois un état d’autonomie et de spontanéité ainsi que le lien avec un livre qui contient une histoire. On pourrait donc dire que la liberté est le pouvoir de se déterminer soi-même, de suivre notre propre route, de tracer notre propre chemin et ce faisant de raconter notre propre histoire.
Pour être vraiment libre, pour pouvoir vivre notre propre histoire, nous devons être authentiques. Cette histoire elle s’écrit à travers les expériences que nous vivons. Être vraiment libre, c’est être ouvert et pouvoir accueillir toutes les expériences que la vie nous offre. Le mot liber a aussi comme signification ce qui est ouvert, ce qui est exempt de contrainte, ce qui est vide. La liberté a comme racine cette ouverture qui crée le vide en nous. Cette ouverture ne devient possible que si nous acceptons d’être vulnérables car c’est la vulnérabilité qui nous ouvre aux surprises de la vie, bonnes comme mauvaises. C’est en acceptant de s’ouvrir ainsi que la vie peut pleinement nous toucher. C’est grâce à nos expériences que la vie peut nous sculpter et faire ressortir toute la beauté en nous et ainsi nous combler. La liberté est donc ce qui naît de l’expression de notre authenticité et de l’incarnation de notre vulnérabilité.
J’ai toujours cru avoir été assez libre dans ma vie. En rétrospective, je constate que beaucoup de mes décisions étaient prises en lien avec le besoin de contrôler l’avenir. Je voulais être sûr de pouvoir donner aux miens ce dont ils avaient besoin en anticipant l’avenir et ses mauvaises surprises. Au lieu d’écrire mon histoire dans le moment présent, j’anticipais ce que l’avenir nous réservait et je basais mes décisions sur ce besoin de contrôler ce qui pouvait arriver. En faisant cela, je me fermais aux expériences que la vie m’offrait dans le présent; je n’étais pas vraiment libre.
J’aime penser aujourd’hui que la maturité acquise au fil des années me permet de faire ce constat et de m’affranchir de ce besoin de contrôler l’avenir. Mais la réalité est que ce besoin disparaît en partie par le fait que les enfants commencent à quitter la maison et que je n’ai donc plus cette responsabilité. Il me reste encore du travail à faire sur ce besoin de contrôler l’avenir. Je vois la possibilité d’être vraiment libre, mais je n’ai pas atteint cet état encore. Sur mon chemin, je croise des panneaux qui annoncent mon arrivée prochaine dans une cité appelée Liberté mais je sais que j’ai encore plusieurs pas à faire avant d’y être. Des pas que je dois apprendre à faire en vivant de nouvelles expériences.
La bonne nouvelle, c’est que je connais maintenant la recette secrète et les ingrédients nécessaires pour savourer la liberté. Il ne reste qu’à me pratiquer pour devenir un chef en la matière.
Ingrédients
- 2 tasses de vulnérabilité
- 4 tasses d’ouverture
- une cuillerée à soupe de concentré de résilience
- racines de bienveillance et de compassion (cueillir profondément)
Creuser et faire le vide complet dans un contenant.
Incorporer les ingrédients et laisser reposer pour qu’ils s’ancrent solidement.
Mettre au feu et brasser le tout doucement et patiemment.
Ajouter, au goût, une pincée de magie pour rehausser la saveur.
Laisser mijoter à feu doux.
Une belle lumière et un arôme invitant se dégagera du mélange lorsque prêt; inspirer profondément.
Comme accompagnement, servir avec un litre de confiance et d’espérance.
Servir encore chaud au plus grand nombre.
Note : peut être consommé régulièrement et par tous; excellent pour la santé, en particulier pour tous ceux qui nous entourent.