Le regard que nous portons sur l’univers est une question qu’on lui pose. Il a été établi par les physiciens modernes que la façon dont nous questionnons la nature détermine la façon dont elle nous répond et donc la réalité que nous percevons; il y a autant de réalités qu’il y a de regards.
Qui ne connaît pas des personnes qui ne voient que du noir dans tout ce qui les entoure ? Ou inversement des personnes qui réussissent à voir la beauté partout ?
Dire que notre regard sur l’univers détermine la réalité telle que nous la percevons, c’est constater que nous avons le pouvoir de changer notre réalité en modifiant notre regard. L’écrivain français Marcel Proust l’exprime magnifiquement bien :
« Le véritable voyage de découverte ne consiste pas à chercher de nouveaux paysages, mais à avoir de nouveaux yeux. »
Marcel Proust, écrivain
Entreprendre le pèlerinage vers notre origine est un voyage de découverte. Une découverte car nous enlevons le voile qui cache notre essence pour qu’elle se dévoile. Pour pouvoir trouver ce trésor que nous cherchons, il faut savoir poser les bonnes questions; pour cela il faut apprendre à poser le bon regard.
Si être présent est avant tout être à l’écoute, regarder est avant tout amorcer un dialogue avec l’univers. Poser notre regard, c’est poser une question. Être présent nous permet d’accueillir la réponse.
Le mot regard provient de la racine wer de l’indo-européen. Il dérive du verbe garder et correspond à l’action de faire attention avec les yeux. Poser le regard exprime donc un intérêt, une forme d’attention, une garde. Sachant que l’attention est la tension de l’esprit vers quelque chose, le regard est donc un moyen d’incarner, de porter attention.
Si l’écoute est une attitude de réceptivité, le regard est une attitude de questionnement, un élément déclencheur. Il permet d’entrer en relation avec le monde sensible en l’interrogeant. Ainsi questionné, le monde sensible se dévoile et se révèle à nos sens. En portant notre regard sur l’univers, nous le touchons à travers la distance. L’univers peut alors se dévoiler à travers nos sens et nous toucher. Cette relation transforme l’univers et nous transforme. Poser le regard est donc un échange, une interaction dans laquelle les participants sont transformés. Le regard est une étreinte qui caresse le monde pour qu’il se révèle.
L’échange ainsi réalisé dépend de deux qualités; de la qualité de notre réceptivité, c’est-à-dire de notre sensibilité à accueillir ce qui nous est révélé, et de la qualité de notre regard qui détermine la nature de notre intérêt, de ce qui nous sera révélé. Cette qualité de regard s’exprime dans la façon dont le regard est posé.
Quels sont les types de regards ?
Comme les yeux sont le miroir de l’âme, il y a autant de types de regards qu’il y a de personnes. Chaque regard est unique. Malgré son unicité, chaque regard possède néanmoins une couleur qui le détermine. Cette couleur exprime le type de regard; elle détermine la nature de la question posée.
Il y a le regard d’appréhension. C’est un regard lourd d’anxiété qui demande à identifier la source des dangers. L’univers répond à ce questionnement en identifiant les dangers puisque c’est la réponse attendue. Les personnes qui vivent avec ce regard vivent dans la peur et l’anxiété. Pour elles, l’univers est une source de dangers.
Il y a le regard esthétique. C’est un regard à la recherche de l’esthétisme, de la beauté. Pour les personnes qui vivent avec ce regard, l’univers est un monde rempli de beauté.
Il y a le regard mystérieux. C’est un regard qui cherche à percer le mystère, à comprendre ce qui est inconnaissable. Pour les personnes qui vivent avec ce regard, l’univers est un monde rempli de secrets, un monde magique doté de clés qui n’attendent qu’à être décodées.
Il y a le regard attentif. C’est un regard chargé d’intérêt, qui cherche à saisir tout ce qu’il y a à comprendre. Pour les personnes qui vivent avec ce regard, l’univers est un monde accueillant, un monde qui parle constamment à travers le langage des sens, des rêves, de l’intuition, des symboles et de la synchronicité.
Il y a le regard amoureux. C’est un regard rempli d’amour, qui cherche à rejaillir sur tout ce qu’il peut atteindre. Pour les personnes qui vivent avec ce regard, l’univers est un monde d’amour, un monde où les difficultés vécues peuvent être soignées par la compassion, par la bienveillance et en rétablissant le lien d’origine, ce lien primordial qui nous unit tous.
Et il y a le regard de l’enfant. C’est le regard que souvent nous avons perdu en grandissant. C’est un regard d’une infinie richesse, qui exprime une grande qualité de présence. C’est un regard qui cherche à comprendre, un regard qui n’exclut rien car il inclut tout.
Retourner à notre origine ne devient possible que lorsque nous pouvons changer notre regard pour celui de l’enfant. Un regard inquisiteur, curieux, prêt à s’extasier devant les mystères qui se présentent. Un regard ancré dans l’ici et maintenant.
L’appel du retour à notre origine est ce message de l’univers qui souhaite pouvoir être de nouveau touché par nous et nous toucher à son tour. C’est un désir qui apparaît. Le désir de retrouver ce que nous avons déjà eu mais que nous avons perdu. C’est un appel à retrouver le regard de notre enfance. À voir la vie non comme un défi, une épreuve, mais comme un magnifique jeu où aimer devient la règle à suivre. À voir la vie comme un spectacle où nous avons un rôle à jouer; le rôle d’une vie.
Retrouver notre regard d’enfant nous remet sur le chemin de notre origine et nous permet de combler la distance qui nous en sépare. Lorsque nous retrouvons notre regard d’enfant, la vie se transforme. Le monde devient une gigantesque toile où nous pouvons exprimer toute notre créativité, où nous pouvons jouer. Peindre avec les doigts une palette de bienveillance, d’amitié, d’amour et de compassion.
Lorsque nous retrouvons notre regard d’enfant, nous réunissons enfin la maturité de notre expérience et la sensibilité de notre enfance. C’est à partir de ce moment que nous pouvons réellement apprécier tout ce qui fait la beauté de l’univers. Un univers créatif qui a besoin de nous pour exister, un univers qui ne peut créer et évoluer qu’à travers nos propres expériences. Un univers qui, tel un enfant, cherche à nous rejoindre pour jouer et grandir avec nous.
